lundi 2 août 2010

Scène des rêves


Zig : Allez...
Bert : Non, ça ne m'intéresse pas et ça ne m'a jamais intéressé. Garde tes rêves pour toi.
Zig : Juste un. Après tu pourras me raconter un des tiens.
Bert : A quoi ça sert puisqu'on n'y comprend rien.
Zig : Comprendre, il n'y a pas que comprendre dans la vie.
Bert : Ce que je ne comprends pas ne m'intéresse pas.
Zig : Et comprendre ce que tu ne comprends pas ?
Bert : Ça oui.
Zig : C'était à l'école. On avait commandé du sable et des arbres pour 6000 euros.
Bert : Complètement absurde.
Zig : Attends. Une ennemie voulait profiter de l'occasion pour faire en sorte qu'on lui doive la somme de 3000 euros.
Bert : Tu as des ennemis, toi ?
Zig : Pourquoi j'en aurais pas ? J'ai bien des amis. Cette fille, donc, allait se débrouiller pour faire livrer dans la cour de l'école des monticules de sable pour 3000 euros, et nous, nous devions l'en empêcher. Ca pouvait se faire d'une minute à l'autre.
Bert : Comment faire ? Monter la garde, fermer les grilles.
Zig : A peine on s'éloigne ...
Bert : C'est bien fait !
Zig : Quoi ?
Bert : J'ai tout compris : vous vous êtes éloignés, elle a ouvert la grille, et elle a fait sa livraison. Et c'est de votre faute puisque vous vous êtes éloignés. Comme vous êtes stupides, je dis que c'est bien fait.
Zig : C'est pas gentil. Et c'est pas ça.
Bert : Bon alors raconte.
Zig : Non, tu n'aimes pas les rêves, tu as dit. Tu n'aimes pas quand tu ne comprends rien.
Bert : J'ai ajouté que j'aimais comprendre ce que je ne comprends pas. Et tu m'as promis qu'après, je pourrais raconter un rêve à moi.
Zig : Tu veux savoir la suite alors ?
Bert : Oui parce que là, ça fait comme une histoire, pas comme un rêve. Les rêves des autres sont pas intéressants mais leurs histoires sont belles. Alors ?
Zig : Les troncs avaient été livrés, et des arbres avec feuilles mais sans racines, serrés les uns contre les autres comme une botte d'asperges du Pérou.
Bert : Du Pérou.
Zig : Tu n'as pas remarqué que toutes les asperges qu'on vend à Monoprix viennent du Pérou ? Pour une asperge tu payes ça d'asperge et ça de kérosène.
Bert : Le rêve !
Zig : Oui, les arbres et les troncs avaient été livrés, mais en dehors de l'école, sur le trottoir, serrés les uns contre les autres, hauts, et surtout sans racines. Ils menaçaient de tomber sur quiconque s'en approcherait trop.
Bert : Je reconnais un interdit. Interdiction de s'approcher trop près des arbres sans racines avec des feuilles et des troncs. Il ne faut pas mettre son nez là où il ne faut pas.
Zig : C'est ça que ça veut dire ?
Bert : Peut-être. Et après ?
Zig : La fille avait réussi son coup. On lui devait 3000 euros. Et en plus on avait peur des arbres et des troncs.
Bert : Peur des troncs. Tu n'as pas peur qu'on entende autre chose ?
Zig : Quoi ? Mais qui t'a demandé d'interpréter mes rêves d'abord ?
Bert : Qui t'a demandé de les raconter ?
Zig : A toi de raconter.
Bert : Ça viendra.

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