mercredi 4 août 2010

Scène de l'expérience d'évaluation de la devise nationale 1ère partie (Pièce pour adultes)

LE PRESIDENT : Mes chers compatriotes, à l'orée de cette nouvelle année qui commence, je me permettrai de vous rappeler l'expérience que nous avons décidé de mener avec vous pour évaluer la validité de notre devise nationale. Ces mots de liberté, d'égalité et de fraternité, ont-ils encore un sens dans la société qui est la nôtre ? Certains en doutaient. C'est pourquoi il a été décidé un gel pour un an à compter de ce jour du premier de ces termes, celui de la liberté. Ceci ne doit pas vous faire peur. Quiconque n'a rien à se reprocher, continuant à vaquer à ses occupations ordinaires ne devrait pas avoir à pâtir de cette expérience. La liberté comme vous le savez mes chers amis se déclinait en des libertés multiples, si nombreuses que nul d'entre vous n'a jamais vraiment songé à en jouir. Je prendrais plusieurs exemples.
Liberté de sortir du territoire. Qui à part quelques privilégiés a exercé ce droit au cours des derniers mois ?
La France n'est elle pas un pays assez vaste pour assouvir tous les désirs de déplacements et de vacances ? La sortie du territoire sera soumise à une demande d'autorisation. Ces autorisations seront accordées en grand nombre, mais toujours motivées par des circonstances importantes.
Liberté de la presse. Qui achète encore le journal ? La plupart sont maintenant gratuits, disponibles dans les gares ou à l'entrée des grands magasins et tous d'un contenu complet, attrayant et tout à fait remarquable. Qui achète encore des magazines ? Quelques dentistes, pour mettre sur les tables basses de leurs salles d'attente, lesquels magazines on feuillette distraitement en essayant d'oublier le son de la fraise qui charcute la patiente qui vous précède. ( Rires dans l'assistance.) Là encore, toute publication sera soumise à autorisation expresse des services de l'état.
Dois-je continuer ? Liberté d'expression. 64 millions de Français : 100 millions de blogs qui n'intéressent personne. Belle liberté que celle de parler dans le désert pour ne rien dire, de mettre en ligne trois photos de ses gosses et dix de ses vacances, photos je le répète qui ont plus leur place dans des cadres sur des buffets et n'intéressent personne d'autre que ceux qu'elles concernent. L'accès à Internet sera limité aux besoins de la sécurité et de la prospérité du pays.
Liberté de se réunir dans l'espace public. Les associations disposent de locaux dans lesquels leurs membres se retrouvent : grandes salles, gymnases mais aussi parfois domiciles de certains d'entre eux. La réunion à l'extérieur de ces lieux est inappropriée, il y sera mis fin pour un an. Mes chers compatriotes, à l'issue de cette année de gel des libertés, que je ne puis pas toutes énumérer devant vous maintenant vous le comprenez bien, nous tirerons le bilan et verrons comment il convient de geler le 2ème terme de cette triade : l'égalité, ainsi qu'il en a été décidé par le gouvernement. Il me reste à vous remercier d'apporter tout votre support à l'action inédite et si riche d'enseignements initiée aujourd'hui. Egalité, fraternité, et j'ajouterais … unité. Je vous remercie.

BEN : Bon ça y est Papa, il a fini le Président. Change de chaîne.

LE PERE : Ca fait dix fois que je change de chaîne. C'est partout pareil. On dirait que c'est bloqué.

LE PRESENTATEUR : Non. Ne changez pas les piles de vos télécommandes, chers téléspectateurs ! En application des nouvelles directives du gouvernement, un programme unique sera disponible sur l'ensemble des chaînes et j'ai l'honneur et le privilège de vous le présenter ! La soirée commencera par un débat sur l'allocution du président et sera suivi d'un divertissement : « et toi comment tu vis ? » « Et toi comment tu vis ? » , ou l'art de mener sa vie intelligemment. Mais d'abord un choix de publicités.

BEN : Je rêve. Y aura que ça ?

LE PERE : Apparemment.

BEN : Bon je sors voir les copains.

LE PERE : Okay. Rentre avant 10 heures, d'accord ?

BEN : D'acc Papa.

( sur la place )

LOLA : Tim, c'est pas cool.
TIM : Tiens y a Ben.
BEN : Salut Lola, salut Tim. Alors vous avez vu ?
TIM : Moi j'm'en fous.
LOLA : Pas moi, c'est n'importe quoi.
BEN : C'est grave, oui.

(à suivre ...)

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