mardi 24 août 2010

L'été, Scène 6

Trois enfants entrent sur scène : Louis (la noblesse), Emile (la bourgeoisie éclairée) et Françoise, la petite paysanne, qui a les yeux bandés.

FRANÇOISE : (rit) Ca y est, on est rendus ?
LOUIS : Tu dois encore faire trois tours sur toi-même.
FRANÇOISE : Pourquoi trois tours ? Un...
ÉMILE : C'est notre endroit secret, personne ne doit en connaître l'existence.
FRANÇOISE : Deux... Comme si j'allions braire sur vous autres, de la haute, et trois..., moi qui ne savions même pas lire.
LOUIS : Et à peine mieux parler.
ÉMILE : Louis, on a dit qu'on ne faisait pas de différence entre nous.
LOUIS : Pardon. (Il détache le bandeau de Françoise.) Tiens, Françoise. Si ça te plaît, aura-t-on un baiser ?
FRANÇOISE : ( Qui bat des mains.) Oui, parguenne. Ça le vaut bien. Mais c'est-y du sent-bon qu'on sent là ?
ÉMILE : Plutôt des habits que j'ai chipés à ma mère pour toi. Elle a accusé la bonne de les lui avoir volés et ça a fait toute une histoire. Finalement j'ai avoué les avoir empruntés pour jouer avec mes amis, et ma mère a dit que je pouvais les garder, qu'ils étaient passés de mode.
FRANÇOISE : Vous avez une bonne, Émile ?
LOUIS : Chez nous, on dit une servante, et nous en avons cinq.
ÉMILE : Vous les payez à la semaine ou au mois ?
LOUIS : Payer ? Elles sont nourries, logées ...
FRANÇOISE : Et battues. C'est ma mère qui le sait par des racontars au lavoir.
ÉMILE : C'est justement ce que mon père et ses amis veulent changer, ils disent qu'il faut en finir avec ces manières du Moyen Age et que les aristos feraient bien d'en rabattre un peu.
LOUIS : J'ai entendu parler de ça, et d'une formule : liberté, égalité, fraternité ou la mort. N'est-ce pas un peu excessif mon cher Émile ? Qu'en dis-tu, toi, Françoise ?
FRANÇOISE : Ouh la ! Ce que j'en disions, c'est que j'étions ben trop bête pour donner mon avis sur vos formules ! Et que c'est pas demain que nous autres les gueux, on aura des maîtres pour nous enseigner comme à vous les petits messieurs toutes ces grandes choses de fratermuités !
LOUIS : Tu vois, Émile. Françoise est de mon avis.
ÉMILE : Parce qu'elle ne sait pas que les choses peuvent changer. ( à Françoise : ) Si tu passais cette robe ? J'y ai mis du parfum de Nice, un de ceux que mon père vend le plus aux galantes de la Cour du Roi.
FRANÇOISE : Du parfum de Nice ? En Espagne ?
LOUIS : Presque. D'Italie.
(Elle passe la robe et virevolte.)
FRANÇOISE : Qu'elle est belle ! Elle m'enivre !
LOUIS : Ça mérite un baiser !
ÉMILE : Non, trois !
FRANÇOISE : Pourquoi encore trois ?
ÉMILE : Trois, pour les trois mots qui changeront la face du monde. Le premier pour la liberté.
( Encadrée par les garçons, elle embrasse l'un puis l'autre sur la joue une première fois.)
FRANÇOISE : Va pour la liberté. De se taire !
ÉMILE : Le second pour l'égalité.
FRANÇOISE : (qui les embrasse) Quand les poules auront des dents !
ÉMILE : Et le troisième pour la fraternité.
LOUIS : Plutôt l'amour ! ( Au moment de recevoir son baiser, il tourne vivement la tête pour voler un baiser sur les lèvres de Françoise qui sursaute, choquée.)
FRANÇOISE : Oh ! C'est volé !
LOUIS : (La poursuit) Allons... rien de grave !
FRANÇOISE : Je dois me sauver. Ma mère m'avait bien prévenu de ne pas frayer avec des enfants costumés. ( Elle s'éloigne, Louis la laisse partir.)
ÉMILE : Attends Françoise ! On te raccompagne !
FRANÇOISE : Adieu vous autres ! Mon chemin je le connais !

mercredi 18 août 2010

L'été, Scène 5

LA MÈRE : ( qui tient son fils par les épaules devant elle ) Il est confus, vous savez. Il regrette beaucoup.

ANDRÉ : Pas du tout.

LA MAIRESSE : Ne vous inquiétez pas. Mais pour que nous ayons un dialogue franc et libre, je préfèrerais lui parler seule à seul.

LA MÈRE : Bon, je vous laisse alors. (Elle sort.)

ANDRÉ : Vous êtes vieille.

LA MAIRESSE : Tu sais parler aux femmes, toi.

ANDRÉ : Vous ne me faites pas peur.

LA MAIRESSE : André.

ANDRÉ : Je ne suis pas une fourmi.

LA MAIRESSE : ( réprime un sourire ) A la bonne heure.

ANDRÉ : Les fourmis avancent sans réfléchir en écoutant les autres, moi je ne suis pas comme ça.

LA MAIRESSE : Je ne suis pas experte en fourmis.

ANDRÉ : Quand est-ce que vous allez vous décider à me crier dessus ?

LA MAIRESSE : André, sais-tu ce qu'est un haïku ?

ANDRÉ : Évidemment que je sais, je ne suis pas un bébé.

LA MAIRESSE : C'est un joli haïku que tu as composé, avec les lettres des mots de la devise républicaine. Il fallait y penser.

ANDRÉ : Vous vous moquez de moi.

LA MAIRESSE : Non. " L'été / a été terrible / Finir tag ". On peut entendre tag comme le mot allemand qui signifie jour. Finir le jour.

ANDRÉ : C'est fait exprès. J'apprends l'allemand à l'école.

LA MAIRESSE : Tu trouves notre devise dépassée ?

ANDRÉ : Elle est fausse.

LA MAIRESSE : Fausse ? Comment une devise peut-elle être fausse ?

ANDRÉ : Vous m'avez très bien compris. Elle n'est pas appliquée. Elle n'a pas de réalité.

LA MAIRESSE : N'es-tu pas en train de dire que la devise est bonne ?

ANDRÉ : Bien sûr qu'elle est bonne.

LA MAIRESSE : Alors pourquoi la retirer ? Ne vaudrait-il pas mieux travailler à la faire respecter ?

ANDRÉ : Parce que vous croyez pouvoir y changer quelque chose ?

LA MAIRESSE : Seule, non. Mais avec ton aide, va savoir.

ANDRÉ : Vous ne voyez pas tout ce qu'il faudrait changer.

LA MAIRESSE : Par quoi faudrait-il commencer ?

ANDRÉ : Il faudrait commencer par ... non.

LA MAIRESSE : Quoi non ?

ANDRÉ : Vous savez des choses sur mon père. Dites-les moi et je vous aiderai.

LA MAIRESSE : C'est du chantage.

ANDRÉ : Non. C'est un échange.

LA MAIRESSE : Qu'est-ce qui te fait croire que je sais quelque chose sur ton père ?

ANDRÉ : Un jour vous en avez parlé à des gens et on me l'a répété.

LA MAIRESSE : ( Elle se tourne vers le public, faussement fâchée : ) Si je tiens celui ou celle qui a parlé ... Je l'étripe.
( à André : ) J'ai peut-être parlé un peu légèrement une fois.

ANDRÉ : Il est vivant ?

LA MAIRESSE : Je n'ai pas le droit de te dire grand chose.

ANDRÉ : Est-ce qu'il est vivant ?

LA MAIRESSE : Oui.

ANDRÉ : Est-ce qu'il vit ici, dans cette ville ?

LA MAIRESSE : André je ne peux pas.

ANDRÉ : Juste ça.

LA MAIRESSE : Oui, il vit ici.

ANDRÉ : Est-ce qu'il sait que j'existe ?

LA MAIRESSE : Il sait.

ANDRÉ : Je veux le connaître.

LA MAIRESSE : C'est compliqué.

ANDRÉ : Pourquoi ?

LA MAIRESSE : Vous n'êtes pas prêts. Toi, lui, ta mère. Trop de silence.

ANDRÉ : Ça va pour aujourd'hui. (Un temps ) Vous voulez savoir ce qu'il faut changer ? Il faut changer de liberté.

NOIR

mardi 17 août 2010

L'été, Scène 4

LA MAIRESSE : Je suis la Mairesse d'une ville de 33333 habitants. D'après le dernier recensement. Je suis la Mairesse, j'ai été élue une première fois et réélue dans la foulée : 9 ans que je dirige cette ville et croyez-moi ou pas, ça m'exalte de plus en plus.
Mes administrés se confient volontiers à moi, m'appellent à l'aide, me font part de dysfonctionnements, me houspillent parfois, parfois, plus rarement, me remercient pour mon action.
Là, je reçois des appels pour un fait pas banal : la devise républicaine d'une école changée en haïku, vous savez, ce petit poème délicieux de 3 vers, qui nous vient du Japon. Je suis une fan absolue de haïkus. Écoutez ça : " L'été / a été terrible / Finir tag ". Sublime.
Le coupable de ce méfait est un petit homme de dix ans (elle rit ) , un petit énervé. Je le connais, d'ailleurs, sa maman travaille dans nos services, une gentille femme seule avec son gosse, pas évident. Il a déjà eu des petits soucis, pour chapardage, et sa mère s'arrache les cheveux avec ce petit brigand.
Le pauvre gamin ignore qui est son père. Son père je le connais bien. Mais ça la regarde, si elle lui cache ça, bien que je désapprouve. Bref, mes conseillers veulent que j'assomme ce gamin de travaux d'intérêt général, quand moi, c'est la médaille de la ville que je veux lui décerner.
" L'été / a été terrible / Finir tag " . Rimbaud n'aurait pas fait mieux à son âge.

NOIR

samedi 14 août 2010

L'été, Scène 3

LA MÈRE : Explique-moi, André.

ANDRÉ : Il n' y a rien à expliquer, Maman. C'est très simple.

LA MÈRE : Pour toi peut-être, qui te moques des conséquences.

ANDRÉ : Au contraire, les conséquences je les souhaite.

LA MÈRE : Mais quel âge crois-tu avoir, pour parler ainsi ?

ANDRÉ : L'âge de reconnaître un hypocrite.

LA MÈRE : (irritée) Tu sais que tu seras puni pour avoir fait disparaître la devise républicaine de l'école. Et triplement puni. D'abord par la directrice de l'école. Ensuite par la mairesse, pour dégradation d'un bâtiment de la commune, et enfin par moi-même, car si tu n'as pas de père pour te remettre parfois les idées en place, tu sais que je n'ai jamais hésité à endosser ce rôle. Enfin André dans la vie on ne peut pas faire ce qui nous passe par la tête !

ANDRÉ : Non ? Et vous vous faites quoi ?

LA MÈRE : Qui ça vous ?

ANDRÉ : Vous et vos devises.

LA MÈRE : Je ne vois pas de quoi tu parles.

ANDRÉ : Évidemment. Tout va bien au pays du "C'est-comme-ça-et-on-n'y-peut-rien-changer."

LA MÈRE : ( conciliante ) Si j'avais un exemple de ce qui te met en colère...

ANDRÉ : Tu en veux des souvenirs ? Écoute ça.

GRIS.

André va s'asseoir dans le public, la Mère reste dans un coin du plateau. L'institutrice 1 entre, elle s'adresse au public.

L'INSTITUTRICE 1 : ( agressive ou professorale, au choix ) C'est trop vous demander ? Rester assis sur vos chaises pendant 1 heure et demie, c'est tout ce que je veux.
(Elle sort. Entre L'Institutrice 2.)


L'INSTITUTRICE 2 : ( rapidement ) Il y a des règles ici. On lève la main pour parler. On attend qu'on vous donne la parole. Oui, toi. C'est pas au programme. Toi ? Désolé on n'a plus le temps.

(Elle sort. Entre L'Institutrice 3.)

L'INSTITUTRICE 3 : Celui qui n'a pas fait ses devoirs : 100 lignes. Celui qui ne fait pas signer ses cahiers par ses parents : un verbe.

(Elle sort. Entrent l'Instituteur et l'Institutrice 4 qui parlent entre eux sur le ton de la confidence.)

L'INSTITUTEUR : Ils font le haricot au premier trimestre, les groupes d'aliments au 2ème trimestre. S'ils sont pas contents, c'est le même prix.

L'INSTITUTRICE 4 : Manquerait plus que ce soit eux qui choisissent ce qu'ils ont envie d'apprendre ! Au fait pour l'an prochain, il faut mettre Andy et Marceau dans deux classes différentes.

L'INSTITUTEUR : Ils se supportent pas ?

L'INSTITUTRICE 4 : Au contraire, ils s'entendent trop bien.

( Ils sortent. Entre l'Institutrice 5. Au public : )

L'INSTITUTRICE 5 : ( Lit des mots de réclamations ) Pas d'intimité aux toilettes, toilettes pas propres, jamais de savon : la faute à qui , d'abord ? Les responsables c'est vous !

L'INSTITUTRICE 1 : ( revient, à présent avant de laisser la place ils frappent dans les mains du nouvel arrivant façon noirs américains. )
Vous avez le droit de vous lever. Mais seulement dans 5 cas.
1 : pour passer au tableau , 2 : pour vider votre taille-crayon , 3 : pour jeter votre brique de lait vide , 4 : pour aller prendre un livre si vous avez fini avant les autres et 5, 5, pas de 5.


(Entrent les Institutrices 2 et 5. Salut américain. L'Institutrice 1 sort. )

L'INSTITUTRICE 2 : Bon, celui qui demande la parole et à qui je la donne, si sa réponse est fausse : moins 1.

L'INSTITUTRICE 5 : Tu as raison, sinon après, ils font exprès de dire n'importe quoi.

L'INSTITUTRICE 2 : Tu voulais ajouter quelque chose ?

L'INSTITUTRICE 5 : Oui. Le contrôle des sphincters est une discipline comme une autre. ( réalise ce qu'elle a dit aussi et rit puis à nouveau grave) Celle qui va aux toilettes en dehors des heures : moins 1. C'est souvent des filles.

(Entre L'Institutrice 3. Salut aux autres qui sortent. )

L'INSTITUTRICE 3 : Celui qui a 5 fautes de copie : j'arrache la page et à refaire. Moins de 5 de conduite une semaine : une sortie annulée.
( Elle sort. André remonte sur la scène. La Mère le rejoint.)

LA MÈRE : Qu'est-ce qu'une école où on n'a pas le droit à l'erreur ? Affligeant.

ANDRÉ : Eh... Dis pas du mal de mon école.

LA MÈRE : Mais si, mais je comprends ta colère !

ANDRÉ : Vrai ? Alors tu me retires ma punition ?

LA MÈRE : Oui. Non ! Comprends-moi, c'est vrai que l'école n'est pas parfaite. Mais vous n'êtes pas des saints non plus.

ANDRÉ : ( Résigné. ) Bon.

LA MÈRE : Mon chéri. Il faut aussi que tu comprennes ce qu'est l'école. En échange des connaissances qu'on t'apporte et pour garantir les conditions nécessaires à leur transmission, tu dois accepter de renoncer à quelques libertés. C'est dans le contrat.

ANDRÉ : Quelques libertés ? Toutes les libertés, oui. Et c'est quoi un contrat ?

LA MÈRE : Un accord qu'on passe quand on veut faire quelque chose ensemble. En général on écrit ce à quoi on s'engage et chacun des participants signe le document.

ANDRÉ : Je ne me souviens pas d'avoir signé un contrat.

LA MÈRE : Tu ne l'as peut-être pas signé, mais le contrat existe, fais-moi confiance.

ANDRÉ : Alors ma punition ?

LA MÈRE : J'y réfléchis.

NOIR.




mardi 10 août 2010

L'été a été terrible , Scène 2

LA DIRECTRICE : ( le portable à l'oreille, se tourne par moments vers la devise modifiée, sans réaction apparente )

Avez-vous arrêté le camion ? [...] Je ne veux pas être responsable de votre mort. [...] J'entends que vous roulez, comment pouvez-vous me parler, chercher votre route et conduire en même temps, c'est de la folie. Mais j'entends bien le moteur quand même, ne me prenez pas pour une imbécile ! [...] Bon, si vous êtes à la mairie, c'est tout près. Passez devant le tabac, puis tout droit jusqu'au feu et l'école est juste en face. [...] Il y a un tabac, je vous le promets. Faites le tour de la mairie et vous le verrez, mais vous conduisez encore, vous êtes terrible ! [...] J'entends le moteur tourner. J'ai été claire, je me tais. Je raccroche. Vous allez finir dans le décor et vous êtes même dangereux pour les autres ! [...] Eh bien tant pis pour la livraison, les cahiers attendront. Ah vous vous arrêtez maintenant ? Mieux vaut tard que jamais. Et vous voyez le tabac à présent ? Vous voyez ? Non je veux dire qu'il était plus raisonnable de ... Aaaah !!!

(Elle a vu la phrase.)

Non. Rien. Si, je vais bien. Et vous ? Vous avez pris le trottoir ? Désolée. C'est un désastre. Non je veux dire ici, à l'école. [...] Vous verrez bien par vous même. [...] Non l'école n'a pas brûlé, n'exagérons rien.

( Voyant les 2 enfants.)

Et qu'est-ce que vous faites ici, vous ? Mais non pas vous ! Bon je raccroche. Vous ! Pouvez-vous m'expliquer ce que vous avez fait à ce mur ?

NINA : Mais rien Madame la Directrice, on n'a rien fait.

ANDRÉ : Nina n'y est pour rien, Madame. C'est moi.

NINA : Mais tu es fou !

ANDRÉ : C'est moi. Votre devise, je la connais. Liberté, égalité, fraternité ! Du pipeau ! Votre devise n'a rien à faire sur les murs de l'école !

LA DIRECTRICE : André ! Mais comment peux-tu dire cela ?!

NINA : Tais-toi, tu aggraves ton cas.

ANDRÉ : Laisse-moi parler. Tu réfléchis à ce que tu dis ? Qui aggrave quoi ? Je dis que la liberté, l'égalité et la fraternité n'ont pas la moindre petite place pour s'exprimer dans cette école, et ça fait 4 ans que j'y suis, je sais de quoi je parle, moi.

LA DIRECTRICE : André ! Tu ne peux pas dire ça !

LE LIVREUR : ( arrive par l'arrière ) Madame Normale ? C'est moi le camion des fournitures. Vous voyez que je ne suis pas mort ! Mais vous, qu'est-ce qui vous arrive ?

LA DIRECTRICE : Rien. Juste un putsch.

NOIR.

lundi 9 août 2010

L'été a été terrible (Pièce pour enfants) Scène 1

NINA : L'été a été terrible : finir tag. Ça veut rien dire ton truc.

ANDRÉ : Si, si tu réfléchis bien.

NINA : Comment t'as décollé les lettres ?

ANDRÉ : C'est des lettres encastrées comme sur une imprimerie. Je les ai déplacées.

NINA : Et y avait quoi avant sur l'école ?

ANDRÉ : Tu sais bien.

NINA : Non ! La devise de la France ! T'as décroché la devise de la France du mur de l'école !

ANDRÉ : Ça sert à rien, et là c'est drôle au moins. L'été a été terrible : finir tag.

NINA : Tu vas te faire tuer par la directrice !

ANDRÉ : Comment elle saura que c'est moi ? Je l'ai fait pendant la nuit, personne m'a vu.

NINA : T'es fou. Il faut remettre tout comme avant.

ANDRÉ : Non. J'ai une autre idée. Cache-toi ! La directrice !

NINA : On est foutus.

dimanche 8 août 2010

LA DEVISE : Scène 6

LA DIRECTRICE : Monsieur le comédien ...

ERNEST : Ernest, Madame la Directrice.

LA DIRECTRICE : Monsieur Ernest ... les enfants sont enchantés de venir au club de théâtre.

ERNEST : J'en suis ravi, Madame la Directrice.

LA DIRECTRICE : Mais voyez-vous, Monsieur Ernest, les enfants, ça raconte, ça parle, c'est terriblement bavard un enfant, alors dix...

ERNEST : Oui, mais justement le théâtre s'appuie sur cela ...

LA DIRECTRICE : Monsieur Ernest, ce travail que vous avez commencé avec les enfants, répond à une commande du chef de l'Etat. Sensibiliser les enfants à la devise nationale. C'est la commande.

ERNEST : C'est au cœur de nos travaux, Madame la Directrice.

LA DIRECTRICE : Vous connaissez la devise des Etats-Unis, Monsieur Ernest ? " In God we trust ", pardonnez mon accent déplorable.

ERNEST : Votre accent est parfait.

LA DIRECTRICE : Merci Monsieur Ernest, et cela signifie : Nous croyons en Dieu. Tout un pays derrière ce credo, avouez que c'est fort. Ca soude une nation, cela.

ERNEST : Sauf si on n'est pas croyant.

LA DIRECTRICE : ( éclat de rire ) C'est vrai ! Vous avez raison. ( grave ) Ainsi vous travaillez sur les notions de liberté, d'égalité et de fraternité, le midi, avec les enfants du club théâtre...

ERNEST : Ainsi qu'on me l'a demandé.

LA DIRECTRICE : Ainsi qu'on vous l'a demandé. Prenons la liberté, voulez-vous. Ouvrez la fenêtre, penchez vous au dehors et dites-moi qui vous voyez passer.

ERNEST : Des gens.

LA DIRECTRICE : Mais encore.

ERNEST : Des automobiles. Des motocyclettes.

LA DIRECTRICE : Des motocyclettes. Qui conduit ces motocyclettes ? Des soldats, Monsieur Ernest, des soldats de l'armée allemande. Croyez-vous que la liberté est la valeur suprême à exalter en ces moments troubles que nous traversons ?

ERNEST : C'est que ...

LA DIRECTRICE : L'égalité, Monsieur Ernest. 2 tickets de rationnement +2 tickets de rationnement = 4 tickets de rationnement , êtes-vous d'accord avec moi ? Voilà votre égalité. Votre égalité c'est la misère, Monsieur Ernest !

ERNEST : Mais je.

LA DIRECTRICE : Laissez-moi finir. En quelle année sommes-nous Monsieur le Comédien ?

ERNEST : 1940 mais.

LA DIRECTRICE : Quel mois ?

ERNEST : Décembre.

LA DIRECTRICE : Vous voyez. Les choses vous viennent peu à peu. Qui est le chef de l'Etat ?

ERNEST : Le Maréchal.

LA DIRECTRICE : Vous voyez. Tout vous revient. Notre établissement, Monsieur le Comédien, notre école, est une grande famille, une famille qui travaille, et qui travaille pour la patrie. Vous comprenez ? Travail, famille, patrie. Voilà nos valeurs. Voilà notre fraternité. Voilà notre devise, Monsieur le Comédien. Ça vous revient-il ?

ERNEST : Je suis confus, Madame la Directrice. Je ne sais pas comment j'ai pu oublier que la devise de la France avait changé.

LA DIRECTRICE : Elle a changé, Monsieur ...

ERNEST : Lévy. Ernest Lévy.

LA DIRECTRICE : Elle a changé Monsieur Ernest. Ceci dit, je ne critique pas votre travail avec les enfants.

ERNEST : Vous avez raison, la liberté n'est pas une valeur.

LA DIRECTRICE : Les enfants ne tarissent pas d'éloges sur leur professeur de théâtre...

ERNEST : L'égalité, quelle ineptie en effet...

LA DIRECTRICE : L'inspecteur lui-même...

ERNEST : La fraternité, quelle sottise !

LA DIRECTRICE : Écoutez-moi !!! (elle a hurlé, elle reprend son souffle) Oublions cet épisode.

ERNEST : Madame la Directrice, que dois-je faire alors ?

LA DIRECTRICE : Je ne sais plus !

( bruits de bottes venant de la rue, ordre donné en allemand, la directrice fond en larmes)

NOIR.

samedi 7 août 2010

LA DEVISE, Scène 5

Six enveloppes pendues à un fil à linge. Une desserte de self-service, 6 tables individuelles.

LE MAITRE : Vous êtes dans un restaurant scolaire en self-service. Tout au long de la desserte, vous avez présentés successivement : tout d'abord les entrées, salades ou charcuterie, ensuite les desserts, un laitage ou un fruit, enfin le plat principal : une viande ou un poisson et leur garniture. C'est clair jusque là ?

LES SIX : Oui Maître.

LE MAITRE : L'ennui, c'est que ce self n'est pas juste. Il est à l'image du monde. Donc, alors qu'il faut 3 unités de nourriture pour pouvoir se servir un repas complet, l'un d'entre vous, n'aura qu'une unité de nourriture, un autre n'en recevra que 2. Oui, c'est injuste, injuste comme l'est le monde. Certains naissent dans des familles riches, d'autres, dans des familles pauvres.

L'ÉLÈVE 1 : Maître ? Est-ce que l'un d'entre nous recevra plus qu'il ne faut ?


LE MAITRE : Et est-ce que ça pourrait être toi ? Eh bien oui, certains parmi vous recevront 4, 5 ou 6 unités de nourriture. C'est pourquoi il sera possible par exemple de prendre deux entrées : la salade et la charcuterie, et aussi deux desserts : le laitage et le fruit.

L'ÉLÈVE 2 : Est-ce que si on a faim, on reçoit plus d'unités de nourriture, Maître ?


LE MAITRE : Hélas non, comme je l'ai dit, le jeu auquel vous allez jouer est injuste comme le monde. Vous allez tout simplement prendre une de ces enveloppes accrochées ici.
A l'intérieur, vous trouverez un chiffre entre 1 et 6. Ce sera votre nombre de points de nourriture. Et pour que ce soit plus amusant, vous irez chercher vos enveloppes 2 par 2, et les ouvrirez en même temps. Compris ?

LES SIX : Oui Maître.

LE MAITRE : Vous deux.

L' ÉLÈVE 1 : J'ai le chiffre 3.

L'ÉLÈVE 2 : Et moi le 4.

LE MAITRE : A vous .

L' ÉLÈVE 3 : J'ai le chiffre 5.

L' ÉLÈVE 4 : Moi le 2.

LE MAITRE : Intéressant.

L' ÉLÈVE 5 : C'est nul ce jeu.

LE MAITRE : Pourquoi dis-tu ça ?

L' ÉLÈVE 5 : Parce que je vais perdre.

LE MAITRE : Alors tu n'es pas chanceux. Mais prends quand même une enveloppe.

L' ÉLÈVE 5 : J'ai le 6 !

L' ÉLÈVE 6 : J'ai le 1.

LE MAITRE : Le jeu est terminé. Allez vous servir et vous pourrez manger.

L' ÉLÈVE 6 : Comme j'ai moins que les autres, je me sers le premier.

L' ÉLÈVE 5 : Pourquoi ça ? C'est moi qui ai gagné le jeu ! C'est à moi de commencer.

L' ÉLÈVE 1 : C'est pas très sympa. Puisque tu auras tout et même de trop, tu pourrais le laisser passer en premier.

L'ÉLÈVE 2 : Qu'est-ce que ça change, puisqu'il aura rien de toute façon.

L' ÉLÈVE 3 : Moi j'ai 5 plats à choisir et j'ai faim, alors magnez vous.

L' ÉLÈVE 4 : Maître ? Qui va se servir en premier ?

LE MAITRE : Peu importe. Mais décidez vous.

L' ÉLÈVE 5 : Je commence. C'est moi qui ai gagné.

L' ÉLÈVE 3 : Deuze !

L'ÉLÈVE 2 : Troize !

L' ÉLÈVE 1 : Quatze !

L' ÉLÈVE 4 : Avant-dernier.

L' ÉLÈVE 6 : Dernier.

(Chaque élève va se servir et s'installe à une table individuelle avec son plateau. Ils commencent à manger.)

LE MAITRE : (qui passe ) Alors deux desserts, hein ? Et toi 6 plats ?

L' ÉLÈVE 5 : Pardi. J'ai tout pris.

LE MAITRE : Et tu vas tout manger ?

L' ÉLÈVE 5 : La pomme je vais la garder pour plus tard.

LE MAITRE : Et toi ? Tu as pris le plat principal.

L' ÉLÈVE 6 : C'est vraiment injuste comme jeu.

LE MAITRE : Hélas, c'est comme ça. A moins que ...

L' ÉLÈVE 4 : Quoi ? Est-ce qu'on peut changer les règles ?

LE MAITRE : Bonne question. Est-ce qu'on aurait pu faire quelque chose pour que le résultat du tirage au sort soit moins injuste ?

L' ÉLÈVE 4 : Ça se voit qu'il a trop, Benjamin, puisqu'il en met de côté pour plus tard et qu'il en laisse aussi sur son plateau.

BENJAMIN : J'avoue. C'est trop pour moi, et j'avais pas trop faim.

LE MAITRE : Qu'est-ce que vous auriez pu faire ?

L' ÉLÈVE 1 : S'associer. Ajouter nos numéros.

L' ÉLÈVE 6 : Partager ?

NOIR.

LA DEVISE : Scène 4

LA MAITRESSE : Tu as passé un bon week-end, Brunette?

BRUNETTE : Oui, Madame.

LA MAITRESSE : C'était chez qui cette semaine ?

BRUNETTE : Mon père.

UNE VOIX : Madame LANTIER, le livreur !

LA MAITRESSE : J'arrive ! Excuse-moi. (Elle sort.)

BRUNETTE : (seule) Quand j'ai sonné à la porte, quelqu'un est venu passer son œil dans le trou. J'ai attendu. Mais ça n'a pas ouvert. J'ai resonné. J'ai entendu une voix qui a dit : "C'est l'autre." Mais personne n'a ouvert. Alors je me suis assise sur les marches, devant la maison de Papa, un peu sous la pluie, un peu sous mon sac à dos. J'ai attendu. Au bout d'un moment, Papa a ouvert la porte. Il a dit : "Reste pas là." Alors je suis entrée.

LA MAITRESSE : ( qui revient ) Excuse-moi. C'était une livraison. Tu disais que tu étais chez ta mère ce week-end.

BRUNETTE : Chez mon père. J'ai fait du travail.

LA MAITRESSE : Du travail pour l'école.

BRUNETTE : Vous voulez que je vous montre ? C'est dans ce cahier.

LA MAITRESSE : Bien sûr, montre-moi. Eh bien, tu as dû en passer du temps pour écrire tout ça.

BRUNETTE : Ça m'occupait.

LA MAITRESSE : C'est quoi tous ces nombres ? Je ne comprends pas.

BRUNETTE : Les nombres premiers.

LA MAITRESSE : Tu connais les nombres premiers par cœur ?

BRUNETTE : Ils me viennent alors je les écris. Là il y en a 367. Mais leur nombre est infini.

LA MAITRESSE : Tu es sûre de ne pas t'être trompée ?

BRUNETTE : J'ai vérifié.

UNE VOIX : Madame LANTIER, téléphone !

LA MAITRESSE : Oui ! Décidément.

BRUNETTE : ( seule ) Comme j'étais mouillée, je n'ai pas pu embrasser mon père, ma demi-soeur Léa, mon demi-frère Julien et le bébé. Avec ma demi-mère on ne s'embrasse jamais. Mon père était dans le salon avec ses copains, à regarder le match. Il a dit: "Reste pas là." Alors je suis allée à ma place, dans la cuisine et j'ai sorti ma poupée Barbara du sac. Ma demi-mère est arrivée et elle m'a dit que j'avais les patates à éplucher, alors j'ai rangé Barbara.


LA MAITRESSE : ( qui revient ) Excuse-moi. Alors c'était bien ? Les nombres premiers, qui t'a appris ça ? Pas moi en tout cas.

BRUNETTE : Je les ai découverts toute seule un jour. C'est ma mère qui m'a dit que ça s'appelait comme ça. Elle était prof de maths avant de tomber malade.

LA MAITRESSE : Oui ma pauvre petite. Tu as l'air si fatiguée pour une petite fille qui rentre de week-end. Tu as raté ton bilan encore une fois. J'aurais voulu comprendre ce qui se passe.

BRUNETTE : C'est facile à comprendre, Madame. Je ne suis pas à ma place.

LA MAITRESSE : Comment ça, pas à ta place ?

UNE VOIX : Madame LANTIER, une maman pour une inscription !

LA MAITRESSE : Oui ! La barbe, on n'est jamais tranquille ! J'arrive !

BRUNETTE : 2,3,5,7,11 et 13 sont les six premiers nombres premiers, ils ne sont divisibles que par eux-mêmes et par 1. Ce qu'elle fait, ma demi-soeur Léa, c'est qu'elle se jette contre le ventre de mon papa, en le serrant avec ses bras, et sa tête disparaît dans son ventre, en lui disant je t'aime. Après 13, c'est 17,19,23,29,et 31.

( Elle ramasse son sac à dos et s'en va. )

LA MAITRESSE : ( qui revient ) Brunette ! Qu'est-ce qu'on disait ?

NOIR.

jeudi 5 août 2010

LA DEVISE, Scène 3 ( Pièce pour enfants )

LE PÈRE : Qu'est-ce que tu as ?

NINA : J'ai accusé quelqu'un sans savoir.

LE PÈRE : Accusé qui et de quoi ?

NINA : Wilson. Je croyais qu'il m'avait pris mon portable.

LE PÈRE : Et ?

NINA : C'était pas lui.

LE PÈRE : Tu sais qui c'était alors ?

NINA : C'était personne, c'est ça le pire. J'ai accusé Wilson alors que mon portable, je l'avais oublié dans ma chambre !

LE PÈRE : Calme-toi.

NINA : Je suis nulle.

LE PÈRE : Tu vas t'excuser auprès de ce Wilson et ce sera terminé.

NINA : Pas la peine, il est pas au courant de l'affaire.

LE PÈRE : Alors tout va bien.

NINA : Non ! J'ai accusé Wilson ! En plus c'est un ami !

LE PÈRE : Pourquoi l'as-tu accusé ?

NINA : Tout le monde dit qu'il pique les affaires des autres et qu'il se promène dans les classes pour voler.

LE PÈRE : C'est vrai ?

NINA : Une fois il a volé des bonbons et aussi une trousse.

LE PÈRE : Donc c'est déjà arrivé. Il comprendra que tu l'aies soupçonné puisqu'il a déjà été pris à voler.

NINA : Je comprends pas pourquoi je l'ai accusé !

LE PÈRE : Tu étais en colère. Tu as cru qu'on t'avait volé ton portable.

NINA : Je dois lui dire. Je veux qu'il me pardonne.

LE PÈRE : C'est ton amoureux, c'est pour ça que tu es malheureuse ?

NINA : Non, c'est un ami. Un ami. C'est pas important, un ami ?

LE PÈRE : Si.

NINA : Tout le monde l'accuse, aussi. Même les profs.

LE PÈRE : Tu vois ? Il n'y a pas que toi.

NINA : Justement ! Tu ne comprends pas qu'on est injuste avec lui ? L'histoire des bonbons et de la trousse c'était il y a 2 ans, mais personne lui pardonne.

LE PÈRE : Qu'est-ce qu'on peut faire pour que tu n'aies plus honte de toi ? Tu veux inviter Wilson et t'excuser ?

NINA : Tu crois que je peux ? Non. Ça va le décevoir encore plus.

LE PÈRE : Tu l'avais invité à ton anniversaire ?

NINA : Non. Les autres ne l'aiment pas. Ils disent qu'il est pauvre.

LE PÈRE : Pauvre ? C'est mal d'être pauvre ? Nous aussi, on est pauvres.

NINA: Non Papa. Pauvre. Vraiment pauvre. D'ailleurs c'est lui qui ne voulait pas venir à mon anniversaire. Il me l'avait dit.

LE PÈRE : Et tu t'es demandé pourquoi il ne voulait pas venir ?

NINA : Non. Mais je crois que je viens de comprendre.

LA DEVISE, scène 2 ( Pièce pour enfants)

L'EXPÉRIMENTATEUR prend le nom de PROFESSEUR.

LE PROFESSEUR : Bien, élèves 1 à 9, pour donner du sens à ma venue parmi vous, je vais jouer le rôle d'un professeur. Vous aurez la possibilité de répondre librement à mes questions et même de me poser des questions. Évidemment, avant de parler ou de poser une question, vous lèverez la main pour demander la parole. Avez-vous compris ?

LE GROUPE : Oui Monsieur Standard.

LE PROFESSEUR : Qui est le numéro 1 parmi vous ?

( Les élèves se consultent du regard et reprennent une pose statique sans répondre. )

Que se passe-t-il ?

VOIX du GUIDE : Sans proposition de votre part, le numéro 1 sera celui ou celle à qui vous vous adresserez en premier. Le numéro 2, celui ou celle à qui vous vous adresserez en deuxième.


LE PROFESSEUR : Merci. ( Il passe dans les rangs. Réfléchit. Retourne se placer devant le groupe. ) Vous êtes placés en formation carrée, un carré de 3 sur 3. Je propose pour simplifier nos échanges que vous à gauche, soyez les numéros 1 à 3, en partant du 1, qu'au milieu vous portiez les numéros 4 à 6, et que vous à droite soyez les numéros 7, 8 et 9. Voyons si vous avez compris.

VOIX du GUIDE : Ils ont compris.


LE PROFESSEUR : Comment en êtes-vous si sûr ? N'y a-t-il pas parmi eux d'élève plus faible d'esprit pour garantir un échantillon d'élèves représentatif de la population ?

VOIX du GUIDE : L'élève faible se montrera faible dans ses réponses, cependant il a repéré son numéro, cette compétence n'entrant pas dans la liste de ses faiblesses. Voulez-vous ajouter cette difficulté à l'élève faible ?

LE PROFESSEUR : Non, ça ira. Voyons donc. Levez-vous quand j'appellerai votre numéro et dites quelque chose. Élève 3 ?

ÉLÈVE 3 : Quelque chose.

LE PROFESSEUR : Pardon élève 3?

ÉLÈVE 3 : Quelque chose Monsieur.

LE PROFESSEUR : Je crois que je tiens mon élève faible.

VOIX du GUIDE : Celui-ci n'a fait que vous obéir. Vous leur avez demandé de vous dire quelque chose, c'est "quelque chose" qu'il a cru devoir dire.

LE PROFESSEUR : Je vais devoir m'expliquer mieux. Après tout, n'est-ce pas la qualité première d'un bon enseignant, que de s'expliquer sur ce qu'il dit et attend de ses élèves ? Bien.
Les enfants ...

VOIX du GUIDE : Quel stade de liberté voulez-vous leur donner à ce moment de l'expérience ?

LE PROFESSEUR : Pardon ?

VOIX du GUIDE : Adressez-vous à eux en leur donnant du "Les enfants" et ils vont finir par monter sur les tables. Est-ce cela que vous voulez ?

LE PROFESSEUR : Non, pas du tout.

VOIX du GUIDE : En ce cas conservez le mot élève pour vous adresser à eux.

( Le professeur sort un mouchoir de sa poche et s'essuie le front. )

LE PROFESSEUR : Bien sûr. Ma langue a fourché. Elève 8, levez-vous et récitez-moi l'alphabet.

ÉLÈVE 8 : A B C D ...

LE PROFESSEUR : Rasseyez-vous. Compliquons la chose. Elève 6 : dites moi l'alphabet anglais.

ÉLÈVE 6 : A B C D ...

LE PROFESSEUR : Élèves 1 et 7 : l'alphabet allemand et ensemble s'il vous plaît.

ÉLÈVES 1 et 7 : A B C D ...

LE PROFESSEUR : Fort bien. Je vois que je vais pouvoir mener cette séance sans rien vous apprendre, simplement en vous interrogeant sur des connaissances que vous avez déjà, lesquelles vous avez même sûrement acquises en dehors de l'école, mais c'est un autre débat.

ÉLÈVE 2 : Monsieur Standard ?

LE PROFESSEUR : Oui ?

ÉLÈVE 2 : Cela vous plairait-il d'être virtuel ?

LE PROFESSEUR : Comment ça ?

ÉLÈVE 9 : Elle veut savoir si vous seriez heureux de n'avoir ni désirs, ni besoins, ni sentiments.

LE PROFESSEUR : Eh bien, je ne crois pas que ça me plairait. D'un autre côté, en étant virtuel au moins on ne craint pas la mort ni la douleur. Je ne sais pas.

ELEVE 4 : Vous croyez que c'est drôle, vous, de ne jamais souffrir ?

LE PROFESSEUR : Excusez-moi. A quel niveau de liberté sommes-nous rendus déjà ?

VOIX du GUIDE : Celui que vous avez instauré par vos différentes interventions et consignes.

LE PROFESSEUR : Je trouve que ça va un peu trop loin , non ? Vous êtes sûrs ( il s'approche de l'interphone en "fond de classe" et évite d'être entendu des élèves ) , vous êtes bien sûrs que je suis en sécurité ?

VOIX du GUIDE : Autant qu'un professeur peut l'être.

LE PROFESSEUR : Bon. Élève 4 c'est ça ? Serais-tu amateur de philosophie par hasard ?

ÉLÈVE 4 : J'ai tout Wikipédia dans ma base de données. Qu'est-ce que vous voudriez savoir ?

LE PROFESSEUR : Quelqu'un d'autre ? Sur la liberté d'expression je crois que je suis bon.

ÉLÈVE 3 : Pardonnez mon outrecuidance, Monsieur Standard, mais sur la liberté d'expression, mes camarades et moi pensons que vous n'y êtes pas du tout.

ÉLÈVE 1 : Café !

ÉLÈVE 9 : Crème !

ÉLÈVE 2 : Le temps se venge toujours ...

ÉLÈVES 4, 5 et 6 : ... de ce qui se fait ...

ÉLÈVES 7 et 8 : ... sans lui !

TOUS : Pas du tout. Nous pensons que vous n'y êtes pas du tout. Mes camarades et moi pensons que vous n'y êtes pas du tout.

( Le professeur désorienté, paniqué, cherche une issue. Les élèves l'encerclent. Il s'évanouit. La voix du guide intervient. )

VOIX du GUIDE : Cessez ce jeu et retournez à vos places. ( Ils retournent s'asseoir tranquillement.)

LE GUIDE : ( qui apparaît ) Monsieur Standard, revenez-à vous. C'est un malentendu.
( aux élèves ) Chameaux !
( Les élèves disparaissent l'un après l'autre tandis que le professeur reprend connaissance,
aidé par le guide. )


NOIR.

LA DEVISE : Scène 1 ( Pièce pour enfants)

Trois rangées de 3 tables individuelles placées en carré, de profil par rapport aux spectateurs, neuf enfants y sont assis. Sur leurs genoux se trouvent un masque blanc et un masque marron. Le guide est en costume noir, l'expérimentateur en blouse blanche. Les enfants sont en gris, bras croisés sur leur table.

LE GUIDE : Avant de vous laisser démarrer l'expérience, permettez-moi de vous rappeler le fonctionnement d'un labo d'étude de comportement virtuel.

L'EXPÉRIMENTATEUR : Je vous arrête. Je sais ce qu'est un labo d'étude de comportement virtuel pour la bonne raison que j'en ai déjà utilisé un l'an passé.

LE GUIDE : Qu'est-ce que vous essayiez de valider ?

L'EXPÉRIMENTATEUR : Une étude sur l'agressivité des individus aux guichets des administrations.

LE GUIDE : Intéressant. Et vous avez avancé grâce au labo ?

L'EXPÉRIMENTATEUR : Pour être franc, non. Nous avions omis de paramétrer les facteurs de racisme et d'intolérance religieuse. Toute l'expérience en a été faussée.

LE GUIDE : C'est un désagrément que vous ne devriez pas rencontrer aujourd'hui, rien n'a été laissé au hasard. Regardez.
Population homogène blanche.

(Les 9 enfants mettent un masque blanc devant leur visage.)

Population hétérogène de couleur.

( Les 9 enfants assis mettent un masque noir plus ou moins foncé. )

Toutes les interactions possibles sont disponibles. ( Les enfants retirent les masques, le guide passe les récupérer. ) Mais vous le verrez par vous même. Donc nous sommes dans une classe. Nous cherchons à repérer l'impact dans les écoles de la devise nationale.

L'EXPÉRIMENTATEUR : Une commande du président de la République.

LE GUIDE : Et vous démarrez l'expérience en annulant …

L'EXPÉRIMENTATEUR : Le premier terme de la triade LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ.

LE GUIDE : Vous supprimez la liberté, au sein d'une population scolaire.

L'EXPÉRIMENTATEUR : C'est ça.

LE GUIDE : Rappelez-vous bien que les élèves que vous avez sous les yeux ne sont pas réels.

L'EXPÉRIMENTATEUR : Ils ne sont pas réels, je sais, mais virtuels.

LE GUIDE : Vous ne pouvez pas leur nuire, et ils ne peuvent pas se faire du mal entre eux, car ils n'existent pas.

L'EXPÉRIMENTATEUR : Je connais le sens du mot virtuel.

LE GUIDE : Néanmoins ils pourront vous aider à valider ou invalider vos hypothèses. Que savez-vous de la liberté ?

L'EXPÉRIMENTATEUR : La liberté se décline en une infinité de libertés avec un s. Liberté de s'exprimer, De se déplacer. C'est cela qu'il va s'agir de faire varier.

LE GUIDE : Le groupe est à vous.

L'EXPÉRIMENTATEUR : Ont-ils des noms ?

LE GUIDE : Ils ont un numéro. Mais on peut leur associer un prénom en fonction de leur personnalité aléatoire.

L'EXPÉRIMENTATEUR : Non, ça ira avec des numéros.

LE GUIDE : Je vous laisse.

( Il sort. L'expérimentateur passe entre les tables puis va se placer en face du groupe. )

L'EXPÉRIMENTATEUR : Voilà. Je m'appelle Monsieur Standard. C'est ainsi que vous m'appellerez. Monsieur Standard.
( Pas de réaction. ) Répétez : Monsieur Standard.

LE GROUPE : Monsieur Standard !

L'EXPÉRIMENTATEUR : Bien. Ils peuvent parler plus fort ?

VOIX du GUIDE : J'arrange ça.

L'EXPÉRIMENTATEUR : Répétez à nouveau : Monsieur Standard.

LE GROUPE : Monsieur Standard !!

L'EXPÉRIMENTATEUR : Très bien.

( NOIR )

mercredi 4 août 2010

Scène de l'expérience d'évaluation de la devise nationale 1ère partie (Pièce pour adultes)

LE PRESIDENT : Mes chers compatriotes, à l'orée de cette nouvelle année qui commence, je me permettrai de vous rappeler l'expérience que nous avons décidé de mener avec vous pour évaluer la validité de notre devise nationale. Ces mots de liberté, d'égalité et de fraternité, ont-ils encore un sens dans la société qui est la nôtre ? Certains en doutaient. C'est pourquoi il a été décidé un gel pour un an à compter de ce jour du premier de ces termes, celui de la liberté. Ceci ne doit pas vous faire peur. Quiconque n'a rien à se reprocher, continuant à vaquer à ses occupations ordinaires ne devrait pas avoir à pâtir de cette expérience. La liberté comme vous le savez mes chers amis se déclinait en des libertés multiples, si nombreuses que nul d'entre vous n'a jamais vraiment songé à en jouir. Je prendrais plusieurs exemples.
Liberté de sortir du territoire. Qui à part quelques privilégiés a exercé ce droit au cours des derniers mois ?
La France n'est elle pas un pays assez vaste pour assouvir tous les désirs de déplacements et de vacances ? La sortie du territoire sera soumise à une demande d'autorisation. Ces autorisations seront accordées en grand nombre, mais toujours motivées par des circonstances importantes.
Liberté de la presse. Qui achète encore le journal ? La plupart sont maintenant gratuits, disponibles dans les gares ou à l'entrée des grands magasins et tous d'un contenu complet, attrayant et tout à fait remarquable. Qui achète encore des magazines ? Quelques dentistes, pour mettre sur les tables basses de leurs salles d'attente, lesquels magazines on feuillette distraitement en essayant d'oublier le son de la fraise qui charcute la patiente qui vous précède. ( Rires dans l'assistance.) Là encore, toute publication sera soumise à autorisation expresse des services de l'état.
Dois-je continuer ? Liberté d'expression. 64 millions de Français : 100 millions de blogs qui n'intéressent personne. Belle liberté que celle de parler dans le désert pour ne rien dire, de mettre en ligne trois photos de ses gosses et dix de ses vacances, photos je le répète qui ont plus leur place dans des cadres sur des buffets et n'intéressent personne d'autre que ceux qu'elles concernent. L'accès à Internet sera limité aux besoins de la sécurité et de la prospérité du pays.
Liberté de se réunir dans l'espace public. Les associations disposent de locaux dans lesquels leurs membres se retrouvent : grandes salles, gymnases mais aussi parfois domiciles de certains d'entre eux. La réunion à l'extérieur de ces lieux est inappropriée, il y sera mis fin pour un an. Mes chers compatriotes, à l'issue de cette année de gel des libertés, que je ne puis pas toutes énumérer devant vous maintenant vous le comprenez bien, nous tirerons le bilan et verrons comment il convient de geler le 2ème terme de cette triade : l'égalité, ainsi qu'il en a été décidé par le gouvernement. Il me reste à vous remercier d'apporter tout votre support à l'action inédite et si riche d'enseignements initiée aujourd'hui. Egalité, fraternité, et j'ajouterais … unité. Je vous remercie.

BEN : Bon ça y est Papa, il a fini le Président. Change de chaîne.

LE PERE : Ca fait dix fois que je change de chaîne. C'est partout pareil. On dirait que c'est bloqué.

LE PRESENTATEUR : Non. Ne changez pas les piles de vos télécommandes, chers téléspectateurs ! En application des nouvelles directives du gouvernement, un programme unique sera disponible sur l'ensemble des chaînes et j'ai l'honneur et le privilège de vous le présenter ! La soirée commencera par un débat sur l'allocution du président et sera suivi d'un divertissement : « et toi comment tu vis ? » « Et toi comment tu vis ? » , ou l'art de mener sa vie intelligemment. Mais d'abord un choix de publicités.

BEN : Je rêve. Y aura que ça ?

LE PERE : Apparemment.

BEN : Bon je sors voir les copains.

LE PERE : Okay. Rentre avant 10 heures, d'accord ?

BEN : D'acc Papa.

( sur la place )

LOLA : Tim, c'est pas cool.
TIM : Tiens y a Ben.
BEN : Salut Lola, salut Tim. Alors vous avez vu ?
TIM : Moi j'm'en fous.
LOLA : Pas moi, c'est n'importe quoi.
BEN : C'est grave, oui.

(à suivre ...)

lundi 2 août 2010

Scène des rêves


Zig : Allez...
Bert : Non, ça ne m'intéresse pas et ça ne m'a jamais intéressé. Garde tes rêves pour toi.
Zig : Juste un. Après tu pourras me raconter un des tiens.
Bert : A quoi ça sert puisqu'on n'y comprend rien.
Zig : Comprendre, il n'y a pas que comprendre dans la vie.
Bert : Ce que je ne comprends pas ne m'intéresse pas.
Zig : Et comprendre ce que tu ne comprends pas ?
Bert : Ça oui.
Zig : C'était à l'école. On avait commandé du sable et des arbres pour 6000 euros.
Bert : Complètement absurde.
Zig : Attends. Une ennemie voulait profiter de l'occasion pour faire en sorte qu'on lui doive la somme de 3000 euros.
Bert : Tu as des ennemis, toi ?
Zig : Pourquoi j'en aurais pas ? J'ai bien des amis. Cette fille, donc, allait se débrouiller pour faire livrer dans la cour de l'école des monticules de sable pour 3000 euros, et nous, nous devions l'en empêcher. Ca pouvait se faire d'une minute à l'autre.
Bert : Comment faire ? Monter la garde, fermer les grilles.
Zig : A peine on s'éloigne ...
Bert : C'est bien fait !
Zig : Quoi ?
Bert : J'ai tout compris : vous vous êtes éloignés, elle a ouvert la grille, et elle a fait sa livraison. Et c'est de votre faute puisque vous vous êtes éloignés. Comme vous êtes stupides, je dis que c'est bien fait.
Zig : C'est pas gentil. Et c'est pas ça.
Bert : Bon alors raconte.
Zig : Non, tu n'aimes pas les rêves, tu as dit. Tu n'aimes pas quand tu ne comprends rien.
Bert : J'ai ajouté que j'aimais comprendre ce que je ne comprends pas. Et tu m'as promis qu'après, je pourrais raconter un rêve à moi.
Zig : Tu veux savoir la suite alors ?
Bert : Oui parce que là, ça fait comme une histoire, pas comme un rêve. Les rêves des autres sont pas intéressants mais leurs histoires sont belles. Alors ?
Zig : Les troncs avaient été livrés, et des arbres avec feuilles mais sans racines, serrés les uns contre les autres comme une botte d'asperges du Pérou.
Bert : Du Pérou.
Zig : Tu n'as pas remarqué que toutes les asperges qu'on vend à Monoprix viennent du Pérou ? Pour une asperge tu payes ça d'asperge et ça de kérosène.
Bert : Le rêve !
Zig : Oui, les arbres et les troncs avaient été livrés, mais en dehors de l'école, sur le trottoir, serrés les uns contre les autres, hauts, et surtout sans racines. Ils menaçaient de tomber sur quiconque s'en approcherait trop.
Bert : Je reconnais un interdit. Interdiction de s'approcher trop près des arbres sans racines avec des feuilles et des troncs. Il ne faut pas mettre son nez là où il ne faut pas.
Zig : C'est ça que ça veut dire ?
Bert : Peut-être. Et après ?
Zig : La fille avait réussi son coup. On lui devait 3000 euros. Et en plus on avait peur des arbres et des troncs.
Bert : Peur des troncs. Tu n'as pas peur qu'on entende autre chose ?
Zig : Quoi ? Mais qui t'a demandé d'interpréter mes rêves d'abord ?
Bert : Qui t'a demandé de les raconter ?
Zig : A toi de raconter.
Bert : Ça viendra.

dimanche 1 août 2010

Scène 100


Policier 1 : Ouvrez ! Police religieuse !
Annette : Mes parents sont pas là.
Policier 2 : Ils rentrent quand tes parents ?
Annette : Bientôt. Je sais pas.
Policier 1 : On va les attendre. Ouvre.
Annette : J'ai pas le droit d'ouvrir à des étrangers.
Policier 2 : On n'est pas des étrangers, on est la police.
Annette : Même. J'ai pas le droit d'ouvrir.
Policier 2 : Elle a du cran cette petite. Si tu n'ouvres pas tes parents vont avoir de gros ennuis.
Annette : D'accord. (Elle ouvre.)
Policier 1 : ( à son collègue ) C'est bon, tu as le point. ( à l'enfant ) Merci. Tu es seule ?
Annette : Oui. C'est quoi la police religieuse ?
Policier 2 : A quelle école es-tu pour pas savoir ça ?
Policier 1 : On va te poser quelques questions et on repassera.
Annette : D'accord.
Policier 2 : Si je te dis : Quatrième Livre, à quoi ça te fait penser ?
Annette : C'est un gros livre.
Policier 1 : C'est vrai, c'est un gros livre.
Annette : Ça raconte des histoires.
Policier 2 : Quel genre d'histoires ? Des histoires vraies ou des histoires fausses ?
Annette : Je ne sais pas.
Policier 1 : Tu ne l'aurais pas ce livre par hasard ?
Annette : Moi non. Mais il est sûrement quelque part.
Policier 2 : Le 4ème livre, si on ne te l'a pas donné à l'école, tes parents l'ont reçu en cadeau à ta naissance. Donc il est là quelque part. On demandera à tes parents.
Policier 1 : Faites-vous la prière avant de manger ?
Annette : Je crois. Ça commence par Merci ?
Policier 2 : C'est bien ça.
Policier 1 : Ça c'est positif.
Policier 2 : Tu es pâle, ça ne va pas ? Tu ne trouves pas qu'elle est pâle.
Policier 1 : C'est le quartier qui veut ça. Mangent pas tous à leur faim par ici.
Policier 2 : Je pense comme toi. Tiens petite, on a un filet garni pour les familles méritantes et sur le droit chemin. Vous avez réussi l'examen et voici, un beau filet pour vous.
Annette : Merci. Merci la police religieuse. Je dirai que vous êtes passés.
Policier 1 : On te laisse. Tes parents ont bien de la chance d'avoir une gentille petite comme toi. Apprends bien tes prières et tout ira bien.
Annette : D'accord Monsieur.
Policier 2 : Elle ressemblait à ta fille.
Policier 1 : Ma fille n'aurait pas ouvert.