samedi 14 août 2010

L'été, Scène 3

LA MÈRE : Explique-moi, André.

ANDRÉ : Il n' y a rien à expliquer, Maman. C'est très simple.

LA MÈRE : Pour toi peut-être, qui te moques des conséquences.

ANDRÉ : Au contraire, les conséquences je les souhaite.

LA MÈRE : Mais quel âge crois-tu avoir, pour parler ainsi ?

ANDRÉ : L'âge de reconnaître un hypocrite.

LA MÈRE : (irritée) Tu sais que tu seras puni pour avoir fait disparaître la devise républicaine de l'école. Et triplement puni. D'abord par la directrice de l'école. Ensuite par la mairesse, pour dégradation d'un bâtiment de la commune, et enfin par moi-même, car si tu n'as pas de père pour te remettre parfois les idées en place, tu sais que je n'ai jamais hésité à endosser ce rôle. Enfin André dans la vie on ne peut pas faire ce qui nous passe par la tête !

ANDRÉ : Non ? Et vous vous faites quoi ?

LA MÈRE : Qui ça vous ?

ANDRÉ : Vous et vos devises.

LA MÈRE : Je ne vois pas de quoi tu parles.

ANDRÉ : Évidemment. Tout va bien au pays du "C'est-comme-ça-et-on-n'y-peut-rien-changer."

LA MÈRE : ( conciliante ) Si j'avais un exemple de ce qui te met en colère...

ANDRÉ : Tu en veux des souvenirs ? Écoute ça.

GRIS.

André va s'asseoir dans le public, la Mère reste dans un coin du plateau. L'institutrice 1 entre, elle s'adresse au public.

L'INSTITUTRICE 1 : ( agressive ou professorale, au choix ) C'est trop vous demander ? Rester assis sur vos chaises pendant 1 heure et demie, c'est tout ce que je veux.
(Elle sort. Entre L'Institutrice 2.)


L'INSTITUTRICE 2 : ( rapidement ) Il y a des règles ici. On lève la main pour parler. On attend qu'on vous donne la parole. Oui, toi. C'est pas au programme. Toi ? Désolé on n'a plus le temps.

(Elle sort. Entre L'Institutrice 3.)

L'INSTITUTRICE 3 : Celui qui n'a pas fait ses devoirs : 100 lignes. Celui qui ne fait pas signer ses cahiers par ses parents : un verbe.

(Elle sort. Entrent l'Instituteur et l'Institutrice 4 qui parlent entre eux sur le ton de la confidence.)

L'INSTITUTEUR : Ils font le haricot au premier trimestre, les groupes d'aliments au 2ème trimestre. S'ils sont pas contents, c'est le même prix.

L'INSTITUTRICE 4 : Manquerait plus que ce soit eux qui choisissent ce qu'ils ont envie d'apprendre ! Au fait pour l'an prochain, il faut mettre Andy et Marceau dans deux classes différentes.

L'INSTITUTEUR : Ils se supportent pas ?

L'INSTITUTRICE 4 : Au contraire, ils s'entendent trop bien.

( Ils sortent. Entre l'Institutrice 5. Au public : )

L'INSTITUTRICE 5 : ( Lit des mots de réclamations ) Pas d'intimité aux toilettes, toilettes pas propres, jamais de savon : la faute à qui , d'abord ? Les responsables c'est vous !

L'INSTITUTRICE 1 : ( revient, à présent avant de laisser la place ils frappent dans les mains du nouvel arrivant façon noirs américains. )
Vous avez le droit de vous lever. Mais seulement dans 5 cas.
1 : pour passer au tableau , 2 : pour vider votre taille-crayon , 3 : pour jeter votre brique de lait vide , 4 : pour aller prendre un livre si vous avez fini avant les autres et 5, 5, pas de 5.


(Entrent les Institutrices 2 et 5. Salut américain. L'Institutrice 1 sort. )

L'INSTITUTRICE 2 : Bon, celui qui demande la parole et à qui je la donne, si sa réponse est fausse : moins 1.

L'INSTITUTRICE 5 : Tu as raison, sinon après, ils font exprès de dire n'importe quoi.

L'INSTITUTRICE 2 : Tu voulais ajouter quelque chose ?

L'INSTITUTRICE 5 : Oui. Le contrôle des sphincters est une discipline comme une autre. ( réalise ce qu'elle a dit aussi et rit puis à nouveau grave) Celle qui va aux toilettes en dehors des heures : moins 1. C'est souvent des filles.

(Entre L'Institutrice 3. Salut aux autres qui sortent. )

L'INSTITUTRICE 3 : Celui qui a 5 fautes de copie : j'arrache la page et à refaire. Moins de 5 de conduite une semaine : une sortie annulée.
( Elle sort. André remonte sur la scène. La Mère le rejoint.)

LA MÈRE : Qu'est-ce qu'une école où on n'a pas le droit à l'erreur ? Affligeant.

ANDRÉ : Eh... Dis pas du mal de mon école.

LA MÈRE : Mais si, mais je comprends ta colère !

ANDRÉ : Vrai ? Alors tu me retires ma punition ?

LA MÈRE : Oui. Non ! Comprends-moi, c'est vrai que l'école n'est pas parfaite. Mais vous n'êtes pas des saints non plus.

ANDRÉ : ( Résigné. ) Bon.

LA MÈRE : Mon chéri. Il faut aussi que tu comprennes ce qu'est l'école. En échange des connaissances qu'on t'apporte et pour garantir les conditions nécessaires à leur transmission, tu dois accepter de renoncer à quelques libertés. C'est dans le contrat.

ANDRÉ : Quelques libertés ? Toutes les libertés, oui. Et c'est quoi un contrat ?

LA MÈRE : Un accord qu'on passe quand on veut faire quelque chose ensemble. En général on écrit ce à quoi on s'engage et chacun des participants signe le document.

ANDRÉ : Je ne me souviens pas d'avoir signé un contrat.

LA MÈRE : Tu ne l'as peut-être pas signé, mais le contrat existe, fais-moi confiance.

ANDRÉ : Alors ma punition ?

LA MÈRE : J'y réfléchis.

NOIR.




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