dimanche 25 juillet 2010

Scène 82


CAFÉ : Tu m'écoutes ?
CRÈME : Non.
CAFÉ : Le matin toi tu sautes du lit dès que tu as ouvert un oeil.
CRÈME : Sauf que je me suis levé 5 fois dans la nuit pour aller pisser.
CAFÉ : Evidemment. Tu bois un verre d'eau après.
CRÈME : J'en ai besoin.
CAFÉ : Je te vois faire : dès que tu es réveillé, hop, tu sautes du lit comme d'un bateau qui coule.
CRÈME : Tu proposes quoi ?
CAFÉ : Il faut rester allongé et refermer les yeux.
CRÈME : Tu te rendors alors ?
CAFÉ : Non, puisque tu as fini ta nuit.
CRÈME : Et après ?
CAFÉ : Tu vois des images de ton dernier rêve. Tu peux les apprécier comme de beaux tableaux dans un musée sans angles droits.
CRÈME : Admettons.
CAFÉ : Déjà, tu sauves des images que tu aurais irrémédiablement perdues.
CRÈME : De toute façon tu les oublies ensuite.
CAFÉ : Pas toutes justement. Certaines images sont conservables jusqu'à ta mort.
CRÈME : J'aime pas quand tu parles de la mort. Et ça sert à quoi de les conserver ?
CAFÉ : C'est ton musée avec tes images. Toute ta vie tu peux chercher à les comprendre. Et si tu ne les comprends pas, tu peux les voir.
CRÈME : J'aime bien l'idée du musée personnel, ça oui. Bon, alors je ne me lève pas , je ferme les yeux, et si je vois des images de mon dernier rêve, je les conserve.
CAFÉ : Ou pas.
CRÈME : Et après, je me lève.
CAFÉ : Non. Tu t'étires. Tu t'étires dans ton lit. Et ça tu ne le fais pas une fois debout, je me trompe ?
CRÈME : Non c'est vrai.
CAFÉ : Ensuite, tu vérifies si tu bandes ou pas.
CRÈME : Ah j'aime pas quand tu parles de ça !
CAFÉ : Attends, c'est pas vrai que tu bandes le matin au réveil ?
CRÈME : Peut-être, ça se dit pas, ça.
CAFÉ : Tu vois, tu es coincé du cul.
CRÈME : Ça me regarde si je suis coincé du cul comme tu dis.
CAFÉ : C'est pas un reproche. Donc tu bandes, et tu ne t'es jamais demandé pourquoi tu bandes le matin ?
CRÈME : Non et ça ne m'intéresse pas.
CAFÉ : Moi si mais je ne sais pas la réponse. Par contre je me souviens d'une période de ma vie où je ne bandais pas le matin, et tu sais ce qui se passait à l'époque ?
CRÈME : Non.
CAFÉ : J'étais fatigué. J'étais épuisé. J'étais maigre. J'étudiais et en même temps je travaillais pour vivre.
CRÈME : Je me souviens.
CAFÉ : Mais il a fallu des mois avant que je m'en rende compte. Un matin je me suis dit tiens, c'est drôle je ne bande pas. Et c'est là que je me suis rendu compte que je ne bandais plus depuis longtemps. Et ça a continué les jours suivants. Puis j'ai arrêté la fac et le job et c'est revenu. Mais à quoi ça sert, je ne le sais pas non plus.
CRÈME : Bon, parle d'autre chose.
CAFÉ : Pénis ... Pénis ...
CRÈME : J'aime pas !

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